PERFORMANCE DES DIRIGEANTS : LE SECRET DES ENTREPRISES EN TEMPS DE CRISE

Pourquoi lier la performance personnelle du dirigeant avec la survie d’une entreprise en temps de crise ? Corrélation ou causalité ? Plusieurs études européennes ont révélé que la majeure partie des entreprises ayant su s’adapter à une crise avaient systématiquement des dirigeants utilisant 3 compétences clés liées à leur performance personnelle :

  • Leur capacité à se projeter dans le futur sans distorsion et à ramener au présent des ressources et une stratégie,
  • Une gestion efficace de leur motivation au cœur de la tempête et la transmission de cette motivation,
  • Une capacité « d’aiguillage » extrêmement performante.

Contrairement aux idées reçues, ces 3 compétences ne sont pas innées et peuvent se développer. Cela permettrait ainsi de sauver des entreprises et sauver des vies. En effet, selon une enquête Ifop pour la Fondation Jean-Jaurès publiée en Novembre, 27 % des personnes ayant eu l’intention de se suicider en 2020 étaient des dirigeants d’entreprise.

Dans cet article, vous allez apprendre comment développer ces 3 clés essentielles et comment éviter les écueils se présentant lors de cet apprentissage.

Ramener le futur au présent : une technique de champion !

L’adaptation d’une entreprise en période de crise passe inévitablement par la mise en place d’une stratégie adaptée. Le contenu de cette stratégie sera totalement différent en fonction de la capacité du dirigeant à se projeter dans le futur sans distorsion.

En effet, en pleine crise, certains considèrent qu’il y aura, un jour ou l’autre, un retour « comme avant ». Ils sont alors en proie à ce qui est appelé en neurosciences, un biais cognitif. Le cerveau essaie de se rassurer et comme ce dernier est un système prédictif, la prévision la plus facile à réaliser et la plus rassurante est celle du retour comme avant. C’est vite oublier qu’une seule chose ne change pas dans la vie : le changement !

Pour être capable de faire cette visualisation sans trop de distorsion, faites cet exercice en vous plaçant dans la peau de vos clients, de vos partenaires, de vos fournisseurs. Observez les choses de l’intérieur comme un acteur puis de l’extérieur comme un spectateur. En faisant cette technique de visualisation seul, les yeux fermés, sans agitation autour de vous et étant installé confortablement, vous allez éduquer votre cerveau à prendre de nouveaux chemins neuronaux et donc à trouver de nouvelles voies. Bien entendu, il ne s’agit pas de se transformer en Nostradamus. Cette technique a pour objectif de construire un futur pour votre société avec toute la connaissance que vous avez de votre secteur sans filtre et sans distorsion.

La compétence ne s’arrête pas là, bien au contraire ! Avoir une image précise et l’oublier le jour suivant est inutile.  En se remémorant plusieurs fois par jour la vision précise de la transformation de votre entreprise, vous éduquez votre cerveau à trier différemment les milliers d’informations qu’il capte chaque minute. Votre vision des opportunités va ainsi s’élargir, même en période de crise. C’est ce que j’ai appris au cours de la crise de 2008. À cette époque, j’étais à la direction d’une entreprise travaillant dans l’immobilier.

Cette compétence serait incomplète si je n’ajoutais pas que ce but final visualisé doit être décomposé en étapes. Tel un mouvement de dominos, le fait de savoir exactement quel est le but essentiel de cette semaine qui, une fois accompli, rendra plus facile, voire même dérisoire, la réalisation du but essentiel dans 15 jours (et ainsi de suite) va permettre à votre motivation de s’exprimer correctement car là, aussi, il y a une façon de faire !

En conclusion, pour disposer de cette première agilité mentale, il est nécessaire de visualiser la sortie de crise sans distorsion, de se servir constamment de cette image pour apprendre à détecter les opportunités au quotidien pendant la crise, de se faire une feuille de route conservée tout le temps à portée de main et de la partager constamment avec toute l’entreprise.

Le leadership par la motivation

Il est très difficile de rester motivé lorsque l’image de sortie crise n’est pas claire, voire même inexistante. C’est le point de départ, nécessaire mais non suffisant, de la motivation.

Ceux et celles ayant réussi à adapter leur entreprise face à une crise dispose aussi de ce deuxième point commun : l’adéquation de leur comportement quotidien au fonctionnement intrinsèque du cerveau concernant la motivation. Ce dernier est relativement basique et peut se résumer par l’égalité suivante :

Motivation = récompense quotidienne

Même dans la pire des journées, ceux et celles qui réussissent à sortir d’une crise s’octroient une récompense journalière, un petit plaisir lorsque ce qui devait être fait pour servir le but essentiel est réalisé.

Les sportifs de haut niveau font la même chose. Quand Camille Lacourt, quintuple champion du monde de natation se préparait pour les jeux olympiques sur 4 ans, il trouvait un plaisir quotidien simple qui était sa récompense lorsqu’il avait fini de nager plusieurs heures ses 10 km….Si vous procédez ainsi, alors vous exercerez plus facilement un leadership par la motivation, cette énergie essentielle qui est à son maximum le matin, qui s’épuise ensuite dans la journée pour se reconstituer, enfin, pendant le sommeil si ce dernier est réparateur.

Beaucoup plus de Non que de Oui

Voici le dernier point commun de ceux et celles qui ont réussi à faire passer leur entreprise à travers les déferlantes d’une crise : ils passent plus de temps à dire NON que OUI ! Non pas par égoïsme, bien au contraire ! Quand la feuille de route est claire avec ses buts essentiels, quand l’image de sortie de crise est servie plusieurs fois par jour à l’imagination, quand le cerveau se transforme en machine à opportunités, quand la motivation est correctement entretenue quotidiennement par des récompenses, les OUI du dirigeant vont alors contribuer directement à la transformation et l’adaptation de l’entreprise.

Le reste des sollicitations sera alors considérée comme une perte de temps, d’énergie d’une activité dans laquelle le dirigeant ne sera pas totalement impliqué donc partiellement efficace. 80 % de Non pour 20 % de Oui : voici le résultat de l’efficacité en phase de crise.

 En conclusion, trouver à l’intérieur de soi les ressources nécessaires pour amener son entreprise à s’adapter et se transformer pendant une période de crise n’est pas une aptitude innée. Ces 3 compétences clés peuvent s’apprendre en restant très vigilant aux écueils pouvant être rencontrés en cours de route par méconnaissance ou précipitation.