L'EXCELLENCE, C'EST LA ZONE !
« L’esprit est la clé, mais où est la clé de l’esprit ? » Sir John Whitmore
Tous les champions ont connu, au moins une fois, ce mode de fonctionnement particulier, appelé la « zone » ou le « flow », celui grâce auquel ils ont accompli leurs exploits. Dans cette sensation d’euphorie effaçant la fatigue, le doute, la réflexion et laissant la place à cette énergie donnant des ailes pour accomplir une performance jamais égalée, les athlètes se transcendent. Malheureusement, ils ne savent ni pourquoi ni comment ils ont réussi à atteindre cet état unique arrivant, le plus souvent, à leur insu.
En dépit des milliers d’études faites sur ce sujet, personne n’a pu définir une méthode permettant au sportif d’atteindre la « zone ». Le but de cet article est de livrer un retour d’expériences synthétisé en 5 étapes indispensables que chaque champion doit maîtriser pour espérer rencontrer plus régulièrement le « flow ».
J'ai tout essayé !
Ma formation d’ingénieur et d’éducateur sportif ainsi que ma passion pour la puissance du mental m’ont conduit au cours de ma vie à me former à de multiples domaines d’investigation du cerveau. Professeur de Yoga, maitre praticien en Programmation Neuro Linguistique formé par le cofondateur de cette discipline Richard Bandler, Maître Patricien en Hypnose Ericksonienne, coach professionnel, également formé aux neurosciences et aux psychopathologies, j’ai, au cours de mes accompagnements avec des champions, tout essayé !
À partir de ces multiples domaines, j’ai défini, jours après jours, une progression individualisée d’apprentissage pour atteindre le plus souvent possible ce « flow ». Ainsi, j’ai pu constater concrètement des progressions souvent fulgurantes. Toutes ces expériences ont en commun des points de passages « obligés » ainsi que certains prérequis.
Prérequis indispensable : muscler sa concentration
J’ai toujours été surpris de constater à quel point certains sportifs étaient capables de zapper sur leur portable, notamment avec les réseaux sociaux et parfois même quelques heures avant le rendez-vous qu’ils avaient avec eux-mêmes. Pensant se changer les idées, ils changent en réalité de niveau de performance en étant inexorablement attiré vers le bas ! En effet, contrairement aux idées reçues, notre cerveau n’a pas été conçu pour que nous puissions faire plusieurs choses à la fois. À défaut, ce dernier est obligé de passer d’une tâche à une autre très rapidement. Par exemple, quand vous êtes interrompus dans ce que vous faites par une notification de votre smartphone, votre cerveau va devoir consommer plus d’énergie pour revenir à votre tâche initiale.
Cette mauvaise habitude à se distraire sur son téléphone induit donc plusieurs conséquences pour le sportif de haut-niveau : une fatigue psychique à son esprit et une diminution de sa capacité de concentration. Bien entendu, l’adrénaline produite lors de la compétition va lui permettre de compenser cette lacune. Cependant, il est plus efficace de partir d’un état de concentration optimal pour utiliser ensuite l’adrénaline comme un booster supplémentaire plutôt que de s’en servir afin de rattraper un retard pris dans les vestiaires avec un téléphone ! Pour y arriver, la méthode est très simple. Il faut proscrire les écrans au moins 2 heures avant le début de la compétition. Ainsi, désemparés, les sportifs me demandent souvent : « Je fais quoi, du coup sans mon téléphone ? ». Ma réponse est simple : « Ne sois plus en mode béta mais plutôt en mode alpha ! »
Étape 1 : Savoir passer rapidement du mode béta au mode alpha !
Le cerveau est une petite centrale électrique produisant des ondes. Dans une activité d’éveil normale, ces dernières ont une forme particulière appelée béta. Par contre, en état de relaxation, de méditation ou en autohypnose, le cerveau change de mode de fonctionnement et génère alors des ondes différentes appelées alpha. Or, juste avant d’atteindre un pic de performance, certaines études en neurosciences ont montré que le cerveau avait une production d’ondes alpha indiquant un état de calme intérieur et de relâchement.
Dans cet état, la synchronisation entre les deux hémisphères s’améliore, permettant alors un meilleur traitement de l’information. Le « moteur » cérébral dispose, ainsi, du meilleur rapport efficacité / consommation d’énergie. Par conséquent, une fois passé le prérequis de la concentration, il est indispensable d’éduquer le sportif de haut niveau à atteindre cet état de plus en plus rapidement avec des habitudes (ou ancrages) lui permettant de retrouver ce calme intérieur. Dans cette progression, j’emmène la personne à passer d’une séance de deux heures dans laquelle elle arrive à trouver son « régime alpha » les dix dernières minutes à des séances de dix minutes pendant lesquelles, après s’être mutuellement salué, le sportif se met lui-même dans cet état particulier. Ainsi, à force de répétitions et d’entrainements, le cerveau aura beaucoup plus de facilités à passer du mode béta au mode alpha pendant la compétition.
Étape 2 : Apprendre à respirer consciemment
Pour atteindre la « zone », le traité des Yoga Sutras de Pantali, datant de plus de 2400 ans, est un formidable guide pour le sportif de haut niveau. En effet, il précise comment, par une respiration consciente (pranayama), l’esprit peut augmenter sa concentration et ses perceptions. Respirer pour s’oxygéner et faire un effort n’a, en effet, rien à voir avec la respiration consciente. Certaines techniques issues du pranayama donnent des effets immédiats sur le mental des sportifs. Respirer consciemment amène, ainsi, beaucoup plus de concentration et un accès facilité au mode alpha !
Étape 3 : Respecter le fonctionnement prédictif du cerveau
Les neurosciences ont démontré, il y a quelques années, que le cerveau n’était pas un organe réactif mais plutôt prédictif. Ainsi, notre « microprocesseur » est constamment en train d’anticiper nos gestes, nos actions et nos pensées. Par conséquent, éduquer un champion à la visualisation mentale permet de bâtir un cadre dans lequel il va se sentir à l’aise en compétition. « Préparer le terrain » avec la visualisation, c’est aussi permettre au cerveau d’atteindre plus facilement le « flow ».
Étape 4 : Pas de pollution par les émotions
Enfin, la dernière étape consiste à permettre au champion d’augmenter son intelligence émotionnelle. En effet, il doit être capable de comprendre que chaque émotion est un message du cerveau. De ce fait, en les interprétant, il arrive à les « digérer » beaucoup plus rapidement si elles sont interprétées comme négatives. Finalement, l’objectif est de transformer une émotion (surtout perçue négativement) en un oiseau qui traverse le ciel sans laisser de traces !
Étape 5 : Un rituel de passage dans cette zone
Enfin, avant chaque compétition, le sportif apprendra à ritualiser tout ce qu’il a appris précédemment en l’organisant systématiquement dans le même ordre. Ainsi, à force de répétitions, la route vers le « flow » deviendra de plus en plus naturelle.
Vous l’avez compris, à défaut d’une méthode infaillible, il existe, tout de même, des étapes et des prérequis sans lesquels accéder à la « zone » restera toujours une question de chance !