4 SEMAINES POUR CHANGER LE PROGRAMME DE VOTRE ENTREPRISE ET LA DÉVELOPPER

Chaque élection présidentielle donne l’occasion à un plan d’actions pour les 100 premiers jours pour le bien de notre pays. Dans l’univers de l’entreprise (privée), les changements peuvent être opérés beaucoup plus rapidement et avoir des conséquences durables pendant plusieurs années. Je vous propose, en lisant ces quelques lignes, de découvrir comment en 4 semaines votre entreprise est capable de changer de programme et se développer.

Dans cet article, je partage avec vous à la fois mon expérience de « serial entrepreneur » combinée à mes connaissances en neurosciences. En effet, j’ai vécu personnellement un changement de cap stratégique d’une PME dont j’avais la responsabilité. J’ai également fait réaliser un « pivot » à deux start-up dont je fus le président. Par la suite, en ayant accompagné des centaines d’entrepreneurs dans la transformation de leur entreprise, j’ai eu l’occasion de relier mon expérience personnelle de dirigeant à mes compétences en neurosciences et coaching.  Finalement, j’ai découvert qu’il existe 4 étapes indispensables pour (re)programmer son entreprise vers la réussite. Ces 4 étapes peuvent être déployées, chacune, en une semaine d’où ce programme en 4 semaines !

Cette première semaine est le point de départ indispensable à une trajectoire d’entreprise qui devra s’adapter dans le temps, qui connaîtra indéniablement des changements, des difficultés mais qui sera en permanence tournée dans une seule direction : votre mission et celle de votre société.

Pour l’établir, il est indispensable que vous reteniez, tout d’abord, une chose sur nos capacités d’analyses : nous ne percevons que 10 % de la réalité (1). De ce fait, avoir la volonté de définir une mission pour votre entreprise sans avoir au préalable élargi votre « champ de vision » augmente considérablement la probabilité d’échouer.  En effet, 82 % de la mortalité des PME est due à des décisions essentiellement stratégiques inadéquates (2). Par conséquent, avant de (re)définir votre mission, il est indispensable d’aller voir ailleurs ce qui se passe ! Cela se fera impérativement chez vos concurrents, chez vos clients, chez vos fournisseurs mais aussi chez vos prospects. Ne le faites pas seul. L’idéal est d’être accompagné avec quelqu’un ayant un regard objectif et « neuf » sur votre secteur d’activités. Très souvent, une personne ne connaissant pas votre domaine posera des questions triviales qui vous aideront très probablement à élargir votre champ de perception.

Durant cette semaine, il sera ensuite indispensable de définir quel est votre but essentiel. Vous noterez que je ne parle pas de partie professionnelle ou personnelle car un but essentiel englobe toutes les facettes de votre vie. En effet, le cerveau n’a pas des compartiments personnels et professionnels. Tout est au même endroit ! Toujours durant cette première semaine, il est indispensable de savoir comment atteindre ce but essentiel. Pour que vous compreniez bien, je vais m’aider d’un principe physique simple :  un domino de 3 cm peut entrainer dans sa chute un domino dont la hauteur est au maximum le double de sa hauteur soit dans ce cas, 6 cm. De ce fait, si vous placez un domino de 3 cm, puis un de 6 cm puis un autre de 12 et ainsi de suite, le 57^ème domino mesure ainsi la hauteur de l’Himalaya. Votre but essentiel est votre Himalaya et c’est précisément le 57^ème domino. L’objectif durant cette première semaine est de définir précisément comment faire tomber votre premier domino de 3 cm. Une fois cette action réalisée, faire tomber le deuxième domino sera plus facile voir même automatique et ainsi de suite pour arriver jusqu’à votre Himalaya.

Une fois avoir défini votre but essentiel, vous pourrez alors passer à la deuxième étape.

Cette deuxième semaine va être consacrée à la vision que vous avez de votre mission. Cette vision devra être à la fois économique, organisationnelle. Par ailleurs, vous allez aussi lister les moyens à mettre en œuvre pour concrétiser votre mission.

Concernant la vision économique, cette dernière ne se résume pas un business plan. Cette vision devra s’appuyer sur une analyse du besoin de vos futurs clients et de la valeur ajoutée de votre produit ou service apportée au fil du temps. Si vous n’avez pas fait suffisamment de travail préparatoire pour élargir votre perception limitée de la réalité lors de la première semaine, vous risquez de vous laisser avoir par les centaines de biais que notre cerveau réalise chaque jour pour éviter de consommer trop d’énergie. Ces raccourcis de la pensée sont à l’origine, chaque jour, de millions d’euros de pertes provoquées par de mauvais décisions. Voici un exemple de biais à éviter lors de cette deuxième semaine et contre lesquels vous serez mieux armé si vous avez élargi votre champ de perception du domaine d’activités dans lequel vous souhaitez vous développer.

Le biais d’optimisme : « ça va marcher » ou « ça va passer ».

Le biais de confirmation : faire des tests juste pour montrer que ça marche en oubliant ceux qui peuvent montrer que cela peut aussi ne pas marcher !

Le biais de groupe : conduit les participants à taire leurs doutes.

Les biais d’intérêts : poussent chacun à aller vers son avantage ou dans le sens du chef dont il dépend !

 Sur les 200 raccourcis que le cerveau prend, 70 seraient actifs dans la vie quotidienne et une vingtaine seraient susceptibles d’affecter la décision d’un manager.

Une fois votre vision économique définie, vous pourrez alors définir votre vision de l’organisation à mettre en place pour y arriver. Encore une fois, je vous conseille très fortement de vous faire accompagner pendant cette phase par des personnes ayant un regard neuf sur votre activité car elles pourront vous donner des solutions innovantes auxquelles on ne pense pas par habitudes. Je vous donne un exemple concret. Chez Tesla, vous pouvez commander votre voiture sur leur site internet en payant par carte bleue des arrhes de réservation de 500 euros. La commande prend 3 minutes. Pensez-vous vraiment que Tesla a pris cette décision organisationnelle en travaillant avec des experts ayant l’habitude de travailler dans l’industrie automobile depuis des dizaines d’années ?

Enfin, pour clore cette deuxième semaine de changements, il vous restera à définir les moyens à mettre en œuvre pour que cette vision économique et organisationnelle puisse devenir une réalité.

Cela peut paraitre étonnant comme objectif et pourtant cette 3^ème semaine est primordiale. Il est vital pour vous et votre entreprise que vous réalisiez ce temps de réflexion pour analyser « l’intérieur de vous-même » après avoir imaginé le monde de demain pour votre entreprise. Quelle est votre réaction face au stress ? Comment sont votre sommeil et votre état de fatigue pour aborder ces changements ? Quelle est votre valeur ajoutée en tant que chef d’entreprise dans votre projet ? Quel est l’importance de votre but essentiel et son lien avec votre entreprise ?

Toutes ces questions auront besoin de réponses mais aussi d’actions concrètes pour que vous puissiez vous épanouir dans votre projet sans y laisser votre santé. En effet, les chefs d’entreprise sont plus soumis au burn-out que les autres catégories professionnelles (3). La fatigue et la qualité du sommeil sont deux facteurs essentiels ayant un impact direct sur votre succès. Trois chercheurs (Mullens, Delanoë et Blanc) ont été les rares spécialistes du sommeil à s’être intéressés au sommeil des chefs d’entreprises. L’étude conclut que 47 % des personnes interrogées déclarent mal dormir. La raison de ce sommeil perturbé est le stress pour 25 % d’entre eux, 18 % les soucis et 6% l’angoisse. À partir de cette introspection, vous définirez les axes de progrès que vous devrez accomplir pour vous préserver. Par ailleurs, vous allez définir précisément le profil des « champions » que vous allez devoir embaucher. Ces personnes devront être meilleures que vous dans leur domaine de spécialité.

Voilà la dernière étape qui va initier cette reprogrammation vers le succès de votre entreprise. Le mantra de cette 4^ème semaine sera : « des actions concrètes et mesurables ». Tout d’abord, il est essentiel de partager ces changements avec l’ensemble des personnes partageant la vie de votre entreprise : votre famille, vos collaborateurs, vos partenaires…

Le plan d’actions précis par services pourra ensuite être élaboré avec le concours de toutes les forces vives de votre entreprise. Gardez à l’esprit que chaque semaine, vous devrez vous posez la question : « que peut-on améliorer aujourd’hui ? » Cette démarche d’amélioration continue sera la clé de votre succès. Par ailleurs, restez pendant cette phase de « décollage » très vigilant aux premiers résultats des actions que vous avez définies et que je symbolise par ces dominos tombant les uns à la suite des autres. À force de persévérance, de rigueur, de clarté sur votre but essentiel, vous vous approcherez jours après jours du résultat.

(1) Paul Watzlawick, La réalité de la réalité, Éditions du Seuil, 1978, 252p

(2) Julien 2000

(3) Eulben 2011